Keeping Tools Available for Future Nuclear Research in Europe
CEA, France
Résumé
L'annonce en 2004 de l'arrêt du réacteur R2 de Studsvik s'inscrit dans la continuité des arrêts de réacteur de recherche dans les différents pays européens. L'article se penche d'abord sur la situation des réacteurs de recherche depuis les années 1960 et fait le bilan des fermetures réalisées année après année.
Les quelques réacteurs qui restent en fonctionnement ont déjà atteint un certain âge. La nécessité de respecter les nouvelles normes de sûreté impose des programmes successifs de réévaluation de la sûreté, de plus en plus lourds. La rénovation du réacteur PHENIX en constitue un exemple. Il a fallu des années de travaux (de 1994 à 2003), se traduisant par un délai d'indisponibilité prolongé pour l'installation, ainsi que des investissements de l'ordre de 250 M€, afin de renouveler et de remettre en conformité l'installation, permettant son exploitation jusqu'en 2009.
En 2002, dans le cadre du 5ème PCRD d'EURATOM, la Commission Européenne a évalué le besoin de réacteurs de recherche en lançant un réseau thématique, nommé FEUNMARR et conduit par un groupe d'experts venant de différents pays. L'article fait le bilan de cette étude. Cette dernière a conclu que l'Europe devait disposer d'un nouveau réacteur caractérisé par des normes de sûreté actualisées et muni de moyens expérimentaux. Ce réacteur devrait répondre aux attentes du marché de la recherche nucléaire, définies dans l'étude, en présentant un flux neutronique plus élevé et des possibilités expérimentales importantes. Afin de faire face à ces exigences, le CEA vise la construction à Cadarache d'un nouveau Réacteur de Contrôle des Matériaux, appelé RJH (Réacteur Jules Horrowitz). Ce nouveau réacteur présentant un flux neutronique élevé, des moyens modernes d'essais, et respectant les normes de sûreté actuelles, répondra aux besoins des parties prenantes dans l'industrie et dans le public pour une large gamme de technologies de production d'énergie.
En outre, l'existence de cet outil de production neutronique est tout à fait compatible avec les pôles géographiquement étendus de compétences qui travaillent sur des demandes d'irradiation ou sur la conception des expériences qui feraient appel à cet outil. La situation européenne est comparée à celle des Etats-Unis, où un seul réacteur de recherche, l'ATR, reste en exploitation. Celui-ci bénéficie d'un flux neutronique de qualité élevée et de nombreux postes expérimentaux, ce qui permet de fournir tous les neutrons requis par l'ensemble des centres de recherche situés à des milliers de kilomètres les uns des autres.
L'article traite également de l'exemple de PHENIX. Beaucoup de laboratoires européens font appel aux spécificités de son flux rapide afin de réaliser des études de matériaux (ADS, Fusion,...), dans des contextes internationaux (Japon, USA,...). Les projets Pallas et Myrha sont également évoqués.
En conclusion, dans les années 1960 chaque pays européen a cherché à disposer de son propre réacteur nucléaire qui servirait de moteur à sa recherche nucléaire nationale. Mais les fermetures successives de ces infrastructures de recherche, la stratégie industrielle croissante à l'international, la rationalisation des moyens et la réalisation du Domaine de Recherche Européen contribuent dans leur ensemble, à justifier la construction d'un réacteur RJH en tant qu'installation de recherche européenne ouverte à la collaboration internationale.
© SFEN 2006