Programmes électronucléaires et dissémination des armes ?
Directeur de recherche à l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques
L'histoire montre qu'aucun pays n'a employé une installation électronucléaire comme base d'un programme militaire. En réalité, un Etat prend d'abord la décision politique d'acquérir des armes, il s'occupe ensuite seulement de se procurer les matières fissiles nécessaires, plutonium ou uranium très enrichi. Pour éviter qu'il détourne le plutonium formé dans un réacteur, les contrôles de l'AlEA ont été mis en place à partir du milieu des années 1950, et peu à peu généralisés. Même s'ils ne sont pas infaillibles, ces contrôles ont été jusqu'ici assez dissuasifs pour que, depuis 1945, aucune arme n'ait été produite à partir d'une installation sous la surveillance de l'AlEA. Et les pays qui ont cherché à acquérir un arsenal nucléaire ont eu recours, depuis les années 1970, à des installations clandestines. Or l'enrichissement par centrifugation se prête infiniment mieux à des activités secrètes que le détournement du plutonium produit dans un réacteur. Récemment, la preuve a même été faite que les connaissances et les équipements nécessaires à l'enrichissement peuvent être fournis par un réseau mafieux, fonctionnant comme une multinationale, sans l'appui d'un Etat. Si ce schéma se reproduisait, la prolifération pourrait échapper aux traités, à l'AlEA, aux décisions du Conseil du Sécurité. Elle ne reposerait cependant pas plus que par le passé sur les programmes électronucléaires.
© SFEN 2004