Atome et politique. Un entretien avec Bertrand Goldschmidt
"Le complexe atomique"
Quand le témoin est aussi acteur, et qu'à cet état privilégié s'ajoute le talent d'un écrivain sachant toujours atteindre à l'essentiel, la redoutable entreprise de raconter « l'histoire politique de l'énergie nucléaire » peut être abordée avec succès. Bertrand Goldschmidt vient de nous en donner, avec quel éclat!, l'évidente preuve. Son livre n'est pas la simple chronologie d'événements compliqués. Il est vraiment une « histoire politique », c'est-à-dire, d'abord, un regard, une réflexion qui recomposent, au-delà de l'éparpillement des faits, la logique des situations, de leurs causes et de leurs effets. Depuis la découverte, en 1938, de la fission du noyau de l'atome d'uranium jusqu'aux accords SALT II et à la « relance » de l'énergie électronucléaire que l'auteur décèle à l'aube des années 1980, le « complexe atomique » raconte et éclaire la façon dont les hommes, réussissant à maîtriser « l'explosion » militaire et « la combustion » civile, ont ouvert les portes de la Cité aux « forces issues du cœur de la matière ». Histoire passionnante et compliquée, contradictoire aussi et toujours en devenir, que B. Goldschmidt restitue avec le permanent souci de regarder au-delà de la surface des choses. De ce livre fondamental — que l'on peut considérer comme un ouvrage de référence sur un sujet rarement et jusqu'à présent incomplètement traité — B. Goldschmidt a accepté de s'entretenir avec la R.G.N.
© Revue Générale de l’Électricité S.A. 1980