« Les surrégénérateurs seront-ils indispensables entre les réacteurs thermiques et la fusion ? »
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Délégué Général d'Électricité de France
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Conseiller Scientifique à E.D.F.
Si les réacteurs nucléaires de fission à neutrons thermiques ont atteint actuellement leur maturité technique, notamment dans les filières à eau légère, le domaine de la fusion, par contre, ne semble pas exploitable avant la fin du siècle. Les deux développements ne peuvent guère être comparés, le domaine de la fission étant, en effet, caractérisé par des phénomènes de base relativement simples.
Deux réactions principales représentent deux étapes successives dans la maîtrise de la fusion : ce sont les réactions deutérium sur tritium (DT) et deutérium sur deutérium (DD).
Mais, pourquoi chercher d'autres réactions nucléaires plus complexes alors que celle de la fission est, d'ores et déjà, parfaitement maîtrisée ?
C'est que, d'une part, les ressources mondiales en uranium ne sont pas illimitées et que, d'autre part, le rendement des réactions de fission est relativement bas, tant qu'on ne sait utiliser de ce combustible qu'une fraction, en général un centième.
Le développement de la filière des réacteurs surrégénérateurs à neutrons rapides, dans laquelle la France a acquis une position de leader, répond à cette préoccupation, étant donné l'excellent coefficient d'utilisation de l'uranium qu'ils permettent, sans présenter des inconvénients accrus par rapport à ceux des autres filières.
Le grand débat du jour porte sur la place qu'il convient de leur attribuer à côté de la fusion dans la recherche des solutions d'avenir et sur l'effort à consentir en vue de leur développement.
© Revue Générale de l’Électricité S.A. 1975